Honorer le terroir québécois 

Dans le quartier patrimonial de Sainte-Rose, à Laval, on peut depuis peu s’approvisionner en gourmandises pour l’apéro et le brunch ou calmer toute fringale chez Les Minettes. 

Marie-Claud et Pascale Rémond baignent dans la gastronomie depuis qu’elles sont hautes comme trois pommes. Ce n’est pourtant que vers la trentaine, à la croisée de leurs chemins professionnels, qu’elles ont ouvert leur propre boutique gourmande.

Le concept des Minettes a germé alors que Pascale se remettait d’un épuisement professionnel. Marie-Claud terminait un congé de maternité. Les deux œuvraient dans le milieu intense des communications et du marketing, mais l’appel de la nourriture se faisait entendre depuis des années.

Le père des sœurs franco-canadiennes était chef cuisinier. « C’est l’inspiration derrière le projet », affirme Pascale. D’origine française, il se passionnait pour le terroir québécois. Avec ses filles et son épouse, il a sillonné la province à la recherche de nouvelles saveurs. Patrick Rémond a d’ailleurs fait partie des pionniers qui ont promu la gastronomie québécoise. Au début des années 1980, il a lancé sa propre agence de marketing culinaire, avant de fonder le magazine Flaveurs, au tournant des années 2000.

En 2009, la sclérose latérale amyotrophique l’a emporté. En sa mémoire, ses filles ont ouvert les portes des Minettes le 11 novembre 2019, dix ans jour pour son jour après son décès. « Quand notre papa est mort, ça a été une grosse perte. On se demandait comment on serait capable de reprendre le flambeau au sein du paysage culinaire du Québec. On avait envie de retourner aux sources », raconte Pascale.

Des recettes enracinées

L’aventure des Minettes a débuté en ligne, alors que les deux femmes poursuivaient leur travail à temps plein. « Le site [lesminettes.ca] a eu un effet boule de neige. Un premier magasin nous a approchés pour vendre nos produits. En six mois, on est passé à vingt points de vente, puis en un an, le nombre a doublé », explique l’entrepreneure.

Les gourmandises des Minettes sont aujourd’hui disponibles partout au Québec, de Montréal jusqu’en Gaspésie en passant par les Îles-de-la-Madeleine et le Lac-Saint-Jean.

Au cœur de la vie sociale des deux sœurs et de leurs produits gourmands : l’apéro. « Un regroupement d’amis sans apéro, ce n’est pas une soirée. Les nôtres sont copieux, avec profusion de craquelins, de mélanges de noix sucrés-salés, de tartinades et de confits », confie Pascale.

Le brunch s’élève aussi au rang des moments sacrés chez les Rémond. Les pots de confiture d’une myriade de fruits jonchent la table du dimanche.

Les produits des Minettes sont issus de recettes françaises préparées avec des ingrédients québécois. Une partie de la collection est saisonnière. À l’automne, les sœurs préparent leur fameuse confiture de quetsches, une variété de prune. Les prunes proviennent du verger Jude Pomme, dans la région d’Oka.

Parmi les meilleurs vendeurs de la saison des récoltes, le coulis de melon et de pastis fait un tabac. « Ce n’est pas aussi sucré que le classique français, car nous n’utilisons pas de pectine ni d’agent de conservation ; mais nous l’avons adapté à notre réalité locale ».

Le choix d’installer la boutique dans le quartier patrimonial de Sainte-Rose, à Laval, s’est imposé tout naturellement. La famille maternelle vient de la région et y réside toujours. Après quelques années à Montréal, Marie-Claud est retournée au bercail pour élever sa famille et a repris le foyer de son enfance, pour le convertir en maison intergénérationnelle.

Une boutique pour les artisans locaux 

Le duo a passé l’automne 2019 à concevoir le design de la boutique. Le nouveau quartier général se veut une vitrine pour les artisans d’ici, afin de pallier leur manque de rayonnement sur la Rive-Nord. « L’Estrie et Montréal dominent le marché », observe Pascale.

L’inventaire se compose de 75 % d’aliments et de 10 % de livres de cuisine. Les articles de table, comme les céramiques de Marie-Eve Dompierre et de l’Atelier MAKE, complètent l’offre.

« Tout tourne autour de la bouffe. Le milieu de l’alimentation est une grande famille, il n’existe pas de compétition. Les ingrédients utilisés, comme les noix ou les olives, ne sont pas nécessairement cultivés au Québec, mais toutes les marques vendues ici ont au minimum été transformées et emballées dans la province », précise la commerçante.

Gourmet Sauvage, une famille de cueilleurs des Laurentides, transforme ses récoltes en condiments et marinades. Épices de cru met en valeur les épices et les herbes boréales. Huiles, grains et farines de la Belle Province garnissent le reste de l’étalage.

À la fin de la semaine, on reçoit à la boutique le pain frais de la boulangerie montréalaise Automne. Les gens du quartier ont pris l’habitude de se procurer une miche et leur beurre de noix favori. « Sainte-Rose, c’est un village. L’ambiance demeure très familiale, très communautaire. »

L’après COVID-19

Dans la foulée de la crise du coronavirus, les fondatrices souhaitaient renouveler leur boutique en ligne, en avril 2020, et y ajouter tous leurs produits. Les commandes seront proposées en formule livraison ou ramassage.

Pour la suite, les épicuriennes désirent étayer leur offre de produits frais, que ce soit des fromages, de la volaille Rusé comme un canard ou du poisson fumé madelinois du Fumoir d’antan. La sélection d’alcools est également appelée à grandir.

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