La relance par les petits pots

En 2015, la Maison Riviera, marque née de la Laiterie Chalifoux basée en Montérégie depuis près de 100 ans, réussissait un coup de maître: se démarquer parmi l’offre déjà assez énorme de yogourts en épicerie. Voici comment Maison Riviera a réussi son importante relance.

Comment frapper un tel coup? Par la curiosité et la nouveauté, c’est-à-dire un format encore jamais vu au Québec, pourtant très répandu en Europe: le petit pot de verre. Succès fulgurant, il va sans dire, grâce à l’indéniable coup de foudre que les consommateurs ont eu pour cette gamme de produits.

Kathleen Hébert, chef de marque basée aux bureaux administratifs de Varennes de l’entreprise, explique aussi ce succès par la valeur écologique du produit. «Je pense que les gens étaient rendus là dans leurs habitudes d’achat. Les consommateurs sont de plus en plus consciencieux aux points de vue éthique et environnemental. Les gens sont à l’affût de tous les aspects entourant la responsabilité sociale d’une entreprise. On a lancé la gamme de petits pots au bon moment, parce que les gens veulent réduire la consommation de plastique et aller vers un produit réutilisable. On a créé une expérience client qui se poursuit après avoir terminé le yogourt. On a aussi fait une grande campagne d’astuces de réutilisation pour offrir une seconde vie au pot de verre.»

À la suite de cette opération de charme, l’entreprise montérégienne, connue d’abord pour ses fromages, a vu son offre de produits augmenter considérablement. Retour en arrière pour vous raconter la petite histoire de Maison Riviera.

«La Laiterie Chalifoux est une entreprise familiale qui existe depuis quatre générations, détaille Kathleen Hébert. Ç’a été lancé en 1920 quand l’arrière-grand-mère Alexandrina Chalifoux vendait le lait des troupeaux de sa ferme aux villageois de Sorel. Par la suite, en 1959, est née la marque Riviera, grâce au cheddar et au fromage en grains. Les techniques de pasteurisation ont commencé à se développer et c’est devenu un peu plus industriel qu’artisanal. Au fil des années, l’entreprise s’est spécialisée dans lex fromage cheddar, mais aussi dans une gamme de fromages fins, sans lactose: le parmesan, le suisse, l’edam, etc.»

Vaincre la menace

En 2011, l’entreprise doit prendre des décisions majeures quant à son avenir. En premier lieu, il y a une certaine saturation du marché alors que les fromageries bien établies au Québec se sont multipliées. Et une plus grande menace gronde: l’arrivée au pays de tonnes de fromages européens dans le cadre d’un projet de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. C’est l’heure des décisions. «La compagnie s’est dit: “Soit on innove et on varie nos gammes de produits, soit on arrête.” Il devait y avoir une évolution pour l’entreprise afin de vaincre cette menace, un revirement à 360 degrés pour survivre.»

Maison Riviera s’associe à Alsace Lait, une coopérative laitière française qui souhaite développer des produits ultra-frais au Québec. «En 2014, tout s’est mis en place avec l’arrivée du directeur général Martin Valiquette et cette alliance stratégique avec Alsace Lait. Il y a eu un mariage de l’expertise d’Alsace Lait et du savoir-faire de la Laiterie Chalifoux afin de varier la gamme de produits existante pour aller vers les produits ultra-frais. On a créé une gamme complète de yogourts, de crèmes fraîches et de crèmes sures, de beurres.»

Le petit pot a été imaginé dans cette vague de renouvellement pour suggérer un produit chic, prestigieux, qui rappelle l’élégance, mais qui a aussi une valeur nostalgique. «Certaines générations se souviennent des laitiers qui livraient dans des bouteilles de verre, précise Kathleen. On s’est dit: “Pourquoi pas déguster un yogourt un peu comme on le faisait à l’époque avec des recettes typiques d’autrefois? Qu’on goûte la crème dans le yogourt, que ce soit tellement onctueux que ça rappelle une bonne crème glacée.” Le petit pot était l’emblème, la façon de rentrer dans les foyers québécois. C’était important, après avoir piqué la curiosité, que le consommateur soit conquis par les ingrédients naturels.» D’ailleurs, récemment, après le succès de ses yogourts grecs réduits en sucre et à la demande de consommateurs, Maison Riviera a révisé sa recette de yogourts fermes en petits pots pour la réduire en sucre également, sans en changer le goût.

Tous les consommateurs

Depuis les petits pots, Maison Riviera tente d’aller chercher toutes sortes de consommateurs en multipliant son offre de produits. «Au lancement des petits pots, on avait les yogourts fermes, les yogourts bios, les yogourts de chèvre. On est allés aussi vers des produits sans OGM vu la demande grandissante. Ensuite, on a développé le fromage blanc, un produit très typique français, et on l’a intégré à nos parfaits, ces desserts avec coulis.»

Et une nouveauté plutôt inattendue nous sera offerte l’an prochain. «Au fil des années, on tente de rejoindre des niches de plus en plus précises et celle que l’on souhaite aller chercher en début 2019 regroupe les gens qui ont un régime végétalien. Évidemment, ces gens ne mangent pas de produits laitiers. Notre défi est donc de sortir de notre zone de confort et on y va avec un produit qui a de belles propriétés nutritionnelles. Ce sera une nouvelle alternative sur le marché qui ne contient aucun ingrédient d’origine animale, une grande nouveauté pour nous.»

Maison Riviera, un employeur important pour la région avec environ 200 employés actuellement, fait rayonner le savoir-faire de la Montérégie jusque dans l’Ouest canadien et se démarque depuis un an sur le marché ontarien, nous dit Kathleen. Mais l’entreprise atteindra-t-elle un plafond de production prochainement à force de développer de nouveaux produits et d’augmenter sa distribution? «Nous continuerons à investir dans l’usine, à élargir nos installations actuelles. C’est sûr que lorsqu’on développe de nouveaux produits, cela demande souvent de nouveaux équipements, mais on a encore de l’espace. On a mis en place des systèmes plus efficaces pour la production et on roule désormais 24h/24h, ce qu’on ne faisait pas avant», conclut la chef de marque.

Que cette grande relance se poursuive!

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Sorel-Tracy

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