De rangs en rivières – Promenade en Mauricie

À en croire les slogans touristiques, la Mauricie, c’est La belle d’à côté. Un sobriquet qui lui va plutôt bien, car c’est vrai que cette région est idéalement située pour une escapade de quelques heures ou de quelques jours. On y trouve d’ailleurs une des plus belles routes du Québec. Mais ne roulez pas trop vite… Il y a par ici quelques chemins où il vaut mieux prendre son temps.


D’accord, allons-y tout de suite avec l’évidence, au risque de redire ce qui a déjà été dit mille fois : la route 155 qui longe le Saint-Maurice, entre Grandes-Piles et La Tuque, devrait un jour être classée dans le palmarès des 10 plus belles routes du Québec. Et plutôt près de la première position si vous voulez mon avis.

D’abord, oui, il y a ce flirt constant avec la rivière qui ne cesse de nous séduire, mais aussi tout ce que laisse imaginer, dans la distance, cette vision de l’autre rive. Ces montagnes d’épinettes noires qui, comme une muraille, imposent le respect.

Pour ceux qui aiment goûter des kilomètres, aucun doute, vous avez là un grand cru.

Bon, je ne vois pas trop quoi ajouter de plus, sinon vous dire : allez donc à La Tuque. Prenez le temps de vous arrêter. Ce n’est pas qu’une ville de passage. D’ailleurs, j’ai sur ma liste de choses à faire d’aller goûter les bières de la microbrasserie La Pécheresse au cours des prochaines semaines.

Quoi qu’il en soit, de part et d’autre de cette route qui est le clou du spectacle en Mauricie, plusieurs chemins méritent d’être explorés. Je partage avec vous mon journal de bord pour aller prendre l’air, toutes fenêtres ouvertes.

En arrivant de l’est, direction Batiscan

Si vous arrivez de Québec par la 40, le bon plan, c’est de sortir de l’autoroute à Sainte-Geneviève-de-Batiscan et d’emprunter la route 361 en direction de Saint-Narcisse. De là, plusieurs options s’offrent à vous. À quelques kilomètres du village se trouve le Parc de la rivière Batiscan, où vous pourriez bien choisir d’établir votre camp de base. Que vous y passiez la nuit ou non, ce parc régional mérite amplement une visite, que ce soit pour pique-niquer, contempler la rivière, parcourir les sentiers de randonnée ou encore vous donner quelques bons moments de vertige grâce à la Via Ferrata – qui permet même de traverser la rivière en tyrolienne. Vraiment, c’est un endroit de toute beauté où la rivière joue une musique du tonnerre. Un arrêt s’impose.

En partant du parc, prenez ensuite la route 352 qui longe joliment la rivière Batiscan jusqu’à Saint-Stanislas-de-Champlain. Et puisque vous roulez dans le coin, en regardant les flots, ajoutez un peu de Keith Kouna à l’ambiance, question de mettre un brin de mélancolie dans le paysage.

À Saint-Stanislas, remarquez bien l’église et, jusqu’à côté, le presbytère, monument historique construit en 1872 et converti depuis 2016 en pub-microbrasserie au slogan sans équivoque : « Mangez, buvez, soyez biens ». Comprenez qu’on vous invite à faire une pause. Pas le choix, il faut obéir. Prenez le temps de traverser le pont de la route 159, simplement pour le coup d’œil du village vu de l’autre rive.

Parc de la rivière Batiscan – Sentier du lièvre (Jocelyn Petitclerc)

Parc de la rivière Batiscan – Via Ferrata (Martin Savard)
Le presbytère – Saint-Stanislas de Champlain.

Une route des microbrasseries?

Puisqu’on parle de bière, j’allais justement vous proposer une route des microbrasseries de la Mauricie, que vous pouvez évidemment parcourir dans un sens ou dans l’autre. Sur une distance de 95 kilomètres, en savourant les paysages de l’arrière-pays, vous pourrez visiter quatre microbrasseries entre Saint-Alexis-des-Monts et Saint-Stanislas-de-Champlain.

[a] Le presbytère : lepresbytere.ca
[b] À la fût : alafut.qc.ca
[c] Le Trou du Diable :  troududiable.com
[d] Microbrasserie Nouvelle-France : microbrasserienouvellefrance.com

En arrivant de l’ouest, direction Sainte-Ursule

En partant de Montréal, question de respirer un peu et de vous dégonfler le stress autoroutier, n’hésitez pas à abandonner la 40 à la hauteur de Berthierville. Bon, d’accord, vous n’êtes pas encore en Mauricie, mais les quelques kilomètres par les rangs de Lanaudière valent le coup d’œil. Prenez la route vers Saint-Cuthbert et empruntez le Rang York vers l’est. À Saint-Barthélemy, continuez sur la Route du Pied de la Côte. Lorsque vous arriverez au magasin général Le Brun, hop, virez vers le nord, direction Saint-Justin, pour finalement vous rendre à Sainte-Ursule. Voilà! Vous êtes officiellement en Mauricie et vous allez prendre une pause au Parc des chutes de Sainte-Usule

Ce parc, un peu au milieu de nulle part, donne envie d’y flâner longtemps. Par les chaudes journées d’été, c’est un endroit parfait pour se rafraîchir et se balader. Je vous donne aussi un tuyau : le site est particulièrement propice pour l’observation des champignons.

Je vous raconte une anecdote. En 2011, plusieurs citoyens craignaient pour l’avenir du parc alors qu’un projet de centrale hydroélectrique était dans les cartables de la municipalité. Parmi ceux qui ont pris la parole afin de s’opposer au projet, on trouvait nul autre que Julien Mineau, ex chanteur de Malajube qui habite justement à Sainte-Ursule.

Si je rappelle à votre mémoire cet excellent musicien, ce n’est pas pour que vous partiez à sa recherche dans tous les recoins du patelin, mais bien plutôt pour vous dire que depuis l’immense succès de Malajube, il s’est un peu retiré dans ses terres. En 2014, il nous proposait assez discrètement un album au titre très ursulois : Fontarabie. C’est le nom d’un bien joli rang qui est en fait la continuité nord de la rue principale de Sainte-Ursule. Alors vous allez vous faire plaisir et mettre cet album dans la voiture pour continuer la route à partir de là.

Saint-Paulin, Saint-Élie-de-Caxton et vers le Parc national de la Mauricie

À une vingtaine de kilomètres de Sainte-Ursule, le village de Saint-Paulin offre deux excellents choix pour poser vos valises. D’abord, le très sympathique Aux berges du Lac Castor, caché au fond des bois au bout de cinq kilomètres de garnotte, où on peut camper, louer un chalet, une yourte, un abris rustique ou encore une chambre dans l’auberge qui en compte une dizaine. Outre le lac où on peut se baigner, on retrouve là plusieurs sentiers de randonnée bien balisés. Aucune voiture ne peut circuler sur le site, vous devrez utiliser des chariots pour déplacer vos bagages et vos accessoires de camping. Les enfants peuvent donc aller et venir en toute liberté sans inquiétude. Parlons d’une sorte de village-vacances familial tout compris où on ne s’embête pas et où la bonne humeur est la marque de commerce.

Plus près du village, l’auberge Le Baluchon donne dans l’éco-villégiature, avec une gamme complète de services hôteliers, du spa à la restauration en passant par les activités équestres, les brunchs du dimanche, les réunions d’affaire et les massages. On est ici dans le beaucoup plus chic et confortable, sans pour autant sombrer dans le fling flang hôtelier. Le site lui-même vole la vedette et justifie la visite, tout comme l’expérience gastronomique qui dépasse de loin les frontières de la région.

Aux Berges du Lac Castor

Aux Berges du Lac Castor
Le Baluchon Éco-villégiature

Vous l’avez deviné, vous êtes ici au pays de Fred Pellerin, à quelques kilomètres de Saint-Élie-de-Caxton, son village natal qu’il a grandement popularisé grâce à son imagination qui semble sans limites. D’accord, c’est vrai, le lieu mérite qu’on s’y arrête, ne serait-ce que pour constater à quel point on a mis toute la sauce afin de mettre en scène la poésie du conteur. Bon, on n’y passe pas toute la journée, mais c’est certainement un arrêt sympathique.

À partir de Saint-Élie-de-Caxton, vous pouvez commencer votre approche du Parc national de la Mauricie par la route 351, qui serpente entre les lacs, jusqu’au chemin Saint-François. Vous devriez trouver dans le parc un terrain de jeu qui se passe de présentation. Je vous dirais simplement de rouler lentement dans les routes qui s’offrent à vous mais, attention, pour cet été, il y a des travaux dans le parc et vous ne pourrez pas le traverser en entier vers Saint-Jean-des-Piles. Qu’à cela ne tienne, je vous propose un dernier conseil afin de bien vous vous calmer l’accélérateur pour au moins quelques jours.

Randonnée aux chutes Waber

Vous trouverez évidemment dans le Parc de multiples occasions de garer la voiture pour aller vous délier les jambes. Il suffit de consulter le site web pour trouver les cartes des différents sentiers. Il y a toutefois une expédition qui mérite d’être mentionnée si vous avez l’intention de passer quelques jours en Mauricie. En effet, le trajet en canot en en randonnée qui mène aux chutes Waber ne laisse personne indifférent. Mon collègue Charles Grandmont, rédacteur en chef de L’actualité et fin connaisseur de la Mauricie, me disait même que lorsqu’il veut impressionner ses amis, il leur paye la traite avec cette aventure à laquelle il faut consacrer de 6 à 8 heures. Vous devrez partir tôt le matin en canot (que vous pouvea louer sur place) pour naviguer sur une distance de 4,2 kilomètres à travers les bassins du lac Wapizagonke afin de vous rendre au sentier qui vous mènera aux chutes (3,6 km). L’endroit, bucolique, est bien caché au fond des bois. Prévoyez évidemment de quoi boire et manger.

Les chutes Waber – ([CC] Wikimedia Commons – Mathématicien joyeux)

Et voilà! Je vous résume tout ça sur une carte que vous pouvez consulter et si d’aventure vous avez des bons plans en Mauricie que vous souhaiteriez partager avec moi, n’hésitez pas à m’écrire ou à soumettre vos idées à l’aide du formulaire sur le site: tourduquebec.ca/proposer-un-bon-plan

Bonne route!

simonjodoin@tourduquebec.ca

Tour du Québec vous propose des itinéraires et des bons plans pour des escapades sur la route en partenariat avec Communauto.

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