La vraie nature, chic et rustique

Vous avez envie d’une balade en forêt ? Et pourquoi pas carrément un voyage qui vous offrirait un dépaysement égal à celui d’un périple dans un pays lointain ? Car dans le grandiose territoire de La Seigneurie du Triton, on se sent ailleurs et dépaysés. Pourtant, ce n’est pas si loin !

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Le point sur la carte semble au beau milieu de nulle part. Club Triton ; c’est le nom d’une gare sur la ligne de chemin de fer qui relie Montréal à Saguenay. Quoi ? Une gare au beau milieu de la forêt ? Et on y trouve un club ? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Ce lieu méconnu, qui semble loin de tout, s’appelle aujourd’hui la Seigneurie du Triton, un site de villégiature donnant accès à un immense terrain de jeu forestier. Si l’on peut effectivement y aller en train, on peut aussi, comme la plupart des voyageurs, s’y rendre en voiture et la laisser dans le stationnement qui jouxte le quai du lac à la Croix, à quelques kilomètres de Lac-Édouard. Car là où nous allons, aucune route ne se rend. Comme aucun réseau cellulaire, d’ailleurs. La sainte paix, quoi ! Nous sommes ici à la tête de la rivière Batiscan, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de La Tuque.

Annie Tremblay et Nicolas Bernard

C’est sur un ponton qu’on avance vers l’endroit intriguant qui nous attend. Difficile de ne pas être soufflé lors d’une première visite. C’est une immense maison patrimoniale en bois qui se dévoile au fond du paysage, comme si elle était tombée du ciel. Ce bâtiment, ainsi que ses dépendances et les chalets qui ont été construits au fil du temps, c’est désormais Annie Tremblay et Nicolas Bernard qui en ont la garde. Elle, née au pays, et lui, d’origine française, forment un couple qui accueille, avec une joie évidente, les voyageurs sur ce site exceptionnel qui a vu passer les saisons, depuis la fin du XIXe siècle.

« Le Triton, c’est une page d’histoire au Québec, raconte Nicolas, qui pilote d’heure en heure les opérations sur le terrain. C’est le plus vieux club de chasse et pêche de la province. En 1893 a eu lieu la fondation du club, et le premier bâtiment a été construit en 1897. Aujourd’hui, notre devoir est de faire connaître ces territoires-là à tout le monde, que ce soit en couple, en famille ou entre amis. »

Une longue histoire… de pêche !

Toute une aventure s’est en effet déroulée ici. On prend même le temps de vous la raconter, dès votre arrivée, dans le salon du Club House, le bâtiment qui a reçu au fil du temps de multiples célébrités, de Churchill à Roosevelt en passant par des membres de la famille Rockefeller. Tout commence lorsque l’ingénieur ferroviaire Alexander Luders Light travaille, à la fin du XIXe siècle, à terminer la ligne de chemin de fer qui reliera Hervey-Jonction à Chambord. À sa retraite, il fait l’acquisition auprès du gouvernement d’un territoire comprenant près de 200 lacs. C’est l’époque des clubs de chasse et pêche privés et en fondant le Triton Fish & Game Club, il donne à de riches hommes d’affaires et politiciens américains un accès exclusif à ce vaste terrain. Partout, sur les murs du salon, dans le hall et le long des corridors, on trouve des traces de ce passé. Des photos d’époque et de visiteurs célèbres, certes, mais aussi des centaines d’artefacts témoins de cette période historique. Autant d’objets qu’Annie, désormais vice-présidente de l’entreprise familiale prenant soin de tout cela, se réjouit de découvrir et de restaurer. 

« C’est un musée, en même temps. On se promène et on fait plein de découvertes. Il y a des documents officiels qui sont affichés sur les murs et dans l’ameublement, dans l’aménagement des lieux. Faire connaître ça aux gens est une priorité parce que ça a tellement de cachet. Il y a eu tellement d’effort pour construire ces bâtiments ! En 1893, il n’y avait pas de bateaux à moteur pour transporter tout ça. Ça arrivait par train et en canot à la rame. Les meubles étaient en pièces détachées. Tout se faisait manuellement. »

La nature, en plein cœur

Aujourd’hui, il en va autrement, et on ne doute pas des efforts déployés depuis que les clubs privés ont été abolis, en 1976, ce qui a permis à tout un chacun de se payer un séjour en plein cœur de la forêt. Et, pour ce faire, tout est réglé au quart de tour. Il faut voir toute l’équipe s’affairer à piloter les pontons, les chaloupes et autres embarcations, transportant de lac en lac les pêcheurs et les visiteurs ayant l’envie de pêcher ou tout simplement d’entrer en contact avec cette nature luxuriante et apaisante.  

Ce qu’on nous propose, en somme, c’est d’aller jouer dans le bois. Dès le petit matin, les guides se mettent en action. On distribue des cannes à pêche, on fait la navette pour transporter les clients vers un coin du territoire, tandis que d’autres partent sur les sentiers à la découverte de champignons et de plantes comestibles.

À l’heure du lunch, au beau milieu des bois, tous se rejoignent pour le Shore Lunch, un dîner servi en forêt où, en plus du menu offert, on apprête des truites fraîchement capturées pour les griller. On garde aussi volontiers quelques prises que le chef pourra préparer pour le repas du soir. Peu importe que vous soyez un pêcheur ou un coureur des bois, l’objectif est le même : décrocher, avec le sentiment réel d’être loin de tout.

« Ce qui est important pour nous, c’est de faire vivre aux gens une expérience différente, explique Annie. On veut les dépayser ; on veut qu’ils aillent jouer dehors en pleine nature, découvrir la faune et la flore. Oui, la pêche existe, parce que c’était l’essence première du club ici, à l’époque, mais la majorité des gens viennent pour profiter du plein air : du canot, du kayak, du paddle board. Il y a aussi beaucoup d’activités en forêt, axées sur la découverte de la nature. Préparer sur le grill une poêlée de champignons qu’on a soi-même cueillis, c’est quand même spécial ! »

Ainsi, ce périple qui était autrefois un luxe réservé aux riches industriels est désormais à la portée de ceux et celles qui souhaitent se dépayser au cœur de la forêt mauricienne. Et pour ceux qui pourraient croire que ces grands espaces, longtemps considérés comme inaccessibles, demeurent lointains et inatteignables, Nicolas a quelques arguments pour déboulonner ce mythe territorial.

« N’importe qui peut venir au Triton. Le territoire a l’air super protégé de par sa forme et ses caractéristiques, parce qu’il n’y a qu’un seul accès par bateau. Mais, vraiment, c’est super accessible. C’est à 45 minutes de La Tuque, 2 h 30 de Trois-Rivières, 3 h 30 de Québec et 4 h 30 de Montréal… Ce n’est pas compliqué, on remonte la rivière Saint-Maurice sur une route magnifique, les couleurs sont belles et on tombe dans la vraie nature. »

La vraie nature, à quelques heures de route… Par ces quelques mots et l’invitation au voyage qu’ils évoquent, le point sur la carte indiquant le Club Triton ne semble plus très loin. On se découvre l’envie de dévorer les kilomètres pour se retrouver en forêt, avec la certitude de découvrir un endroit qui, pour la plupart d’entre nous, demeure exotique.

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