Exploramer : Notre biodiversité au bout du quai

En Haute-Gaspésie, au bord du Saint-Laurent, le musée consacré aux écosystèmes marins, Exploramer, déborde d’activités pour les enfants comme pour les plus grands.

En partenariat avec

« On fait de la sensibilisation à la préservation du Saint-Laurent. Les gens ne connaissent encore que des petits bouts du Saint-Laurent sur une mer de connaissances possibles », confie la directrice générale d’Exploramer, Sandra Gauthier, revenue au Québec pour un contrat il y a 17 ans et qui n’a finalement jamais quitté la Gaspésie. 

À quelques pas du fleuve, le musée à vocation scientifique de Sainte-Anne-des-Monts profite de sa situation géographique pour inviter les visiteurs à des activités sur l’eau ou dans l’eau. L’expertise d’Exploramer, ce sont ses connaissances marines, mais elles ne se transmettent pas que sur l’eau : c’est aussi dans son musée qu’on informe les visiteurs et qu’on va à leur rencontre. Sur sa bâtisse, on peut lire sa triple vocation : aquarium, excursions en mer, expositions. 

Les visiteurs y passent normalement plusieurs heures, compte tenu de la variété des activités offertes. Les plus grands ont la possibilité de faire une excursion en mer ou de la « cueillette de poissons » dans des filets de pêche. L’endroit est aussi idéal pour les familles par l’aspect ludique de ses expositions et la richesse des espèces marines à découvrir dans ses aquariums. « Il y en a pour tous les goûts et tous les âges, confirme Sandra. Pour les enfants, il y a le camp de jour de l’Escouade des marsouins masqués. Ils passent la journée ici à résoudre des problématiques soumises par le Maître cachalot. » 

Jusqu’en 2003, l’endroit se nommait Explorama et n’était pas spécifiquement consacré aux ressources du Saint-Laurent. Après sa fermeture, un comité a décidé de recentrer sa mission autour d’un musée sur les sciences océanographiques et la biodiversité marine du fleuve. Exploramer a participé au développement économique de la Haute-Gaspésie et aujourd’hui, toute la région en bénéficie. « On accueille 31 000 visiteurs par année et les gens restent sur place entre quatre et six heures. En étendant la durée de visite, cela fait en sorte que les gens, inévitablement, vont prendre un repas dans le coin ou dormir ici avant de prendre la route le lendemain. On a réussi à créer un arrêt sur la route de Percé. Avant, les gens dormaient à Rimouski ou à Matane et faisaient la route directement vers le parc national Forillon. La Haute-Gaspésie n’était qu’une route de passage, mais les attraits touristiques ont augmenté et l’hébergement s’est revitalisé », explique Sandra, témoin du boum en Haute-Gaspésie des microbrasseries, boulangeries, chocolateries et distilleries, dans la dernière décennie.  

Puisqu’on parle de développement, mentionnons qu’Exploramer travaille présentement à augmenter son offre et fait de la conservation, de la prise de données et de la recherche sur ses espèces marines en captivité. « On a des poissons, des mollusques, des crustacés, des échinodermes, des algues, tout ce qu’il faut en petite quantité, mais on a un projet pour les prochaines années d’agrandissement pour l’Aquarium, pour représenter un écosystème du Saint-Laurent, avoir plus d’espèces et des poissons de plus grande taille », précise Sandra. 

Vivre l’excitation et l’émotion 

Dans son musée, Exploramer possède une large collection d’artéfacts et d’écofacts. La directrice explique toutefois que ce n’est pas exactement le genre d’institution où l’on doit garder son sérieux et chuchoter. Exploramer souhaite plutôt laisser libre cours à l’expression, pour que tout le monde s’amuse en prenant part à des activités ludiques. « On essaie d’amener le contenu par l’humour, par la surprise, l’étonnement. On entend beaucoup rire dans le musée, et on permet aux enfants de courir et de crier. C’est le plaisir, la découverte, c’est l’émerveillement et c’est l’émotion aussi, par exemple dans le bassin tactile quand on tient une étoile de mer dans les mains. Si on est attentif, on peut ressentir bien des choses au contact d’un animal marin. » 

À l’extérieur des murs, l’éventail d’activités est aussi divertissant qu’éducatif. Le visiteur met les deux pieds dans l’eau pour comprendre les espèces marines ou saute à bord d’un tout nouveau navire pour comprendre la pêche durable. « On a voulu profiter de cette proximité avec la mer pour dire aux gens : “venez, on va vous montrer quelque chose d’extraordinaire”, dit Sandra. Avec le verveux, on fait de la cueillette de données scientifiques. Quand la marée est haute, les espèces viennent se réfugier dans le filet de pêche, et quand elle est basse, ils restent captifs, mais vivants, ce qui nous permet de les mesurer et d’observer leurs aspects distinctifs avant de les libérer, pour finalement faire la sensibilisation et l’interprétation pour nos visiteurs. »

Un atelier sur la pêche durable suivi d’une dégustation de cinq espèces marines promues par l’entreprise par le biais de sa certification Fourchette bleue est également proposé. Exploramer, qui souhaitait pousser plus loin ses objectifs de développement durable et de responsabilité sociale, a créé l’initiative Fourchette bleue, qui a connu un franc succès. La certification veille à la saine gestion des ressources marines au Québec et vise à mettre des espèces marines méconnues et sous-exploitées au menu des restaurants de la province. « Au départ, notre ambition était d’avoir une certification uniquement pour la région de la Gaspésie ; mais rapidement, on s’est rendu compte qu’il y avait des demandes partout au Québec, dit Sandra. Il y a beaucoup d’espèces dans le Saint-Laurent qui sont pêchées mais que les Québécois connaissent peu parce qu’elles sont exportées : le crabe commun, le turbot, les oursins verts. C’est important qu’on puisse les connaître, les découvrir, les goûter et qu’on puisse se les approprier pour, avec le temps, minimiser l’exportation de nos produits pour nourrir les Québécois. »

Exploramer joue bien ses cartes, en somme, en innovant, en participant au développement régional et en émerveillant tout simplement, grâce à ses nombreuses activités. 

À lire aussi