À la mode de chez nous

Tout est parti d’un métier à tisser récupéré chez un voisin et d’une amitié vieille de plus de 20 ans. En 2005, Marie-Claude Trempe et Evelyne Gélinas lancent l’entreprise Rien ne se perd, tout se crée…, dont l’atelier est installé à Saint-Sévère. Depuis, elles mettent tout leur cœur à habiller les Québécoises.

En partenariat avec

C’est entre une lavanderaie et un vignoble que Marie-Claude et Evelyne ont ouvert il y a peu leur nouvel atelier-boutique de 16 000 pieds carrés. Un immense bâtiment avec de grandes baies vitrées au travers desquelles on peut distinguer les mannequins qui présentent les vêtements de leur entreprise, Rien ne se perd, tout se crée… Mais pas que. «Nous proposons aussi les créations de 60 artistes québécois», précise Marie-Claude. Bijoux, vêtements pour hommes, pour enfants, poteries ou encore savons, on y retrouve tout le savoir-faire de la province. «C’est quelque chose d’important pour nous. Il y a tant de talents au Québec…»

Les deux amies, qui se sont rencontrées sur les bancs d’école de la 4e année, ne se destinaient pourtant pas vraiment à lancer leur entreprise dans le milieu de la mode pour femmes. Evelyne, très douée en science, était plutôt amoureuse de musique traditionnelle et voulait vivre de cette passion. Marie-Claude, elle, s’était lancée dans la communication et l’horticulture. Mais un jour, tous ces plans se sont retrouvés chamboulés par un banal métier à tisser. «C’est mon voisin qui le mettait à vendre. J’ai demandé à Evelyne si ça lui disait d’apprendre à tisser», raconte Marie-Claude. Elle, elle savait déjà tricoter, sa mère lui avait appris. Mais tisser était un nouveau défi.

Les deux jeunes femmes ont malgré tout embarqué. Il faut dire qu’Evelyne a toujours eu un penchant pour les traditions d’antan et Marie-Claude, de nature manuelle, aimait l’idée de perpétuer les techniques utilisées par les grands-mamans québécoises. Elles ont donc décidé de lancer le projet dans le cadre du programme d’aide en développement Jeunes volontaires en 2004, une expérience qui devait durer six mois et leur permettre d’apprendre quelque chose de nouveau. Les vieilles dames de la région leur ont enseigné les techniques du tissage, du feutrage, du filage au rouet ou encore de la teinture sur laine. «C’était une vraie transmission de savoir», se rappelle Marie-Claude.



De tous ces apprentissages, les deux jeunes femmes ont gardé surtout celui du tissage. En 2005, lorsqu’elles lancent leur propre entreprise, elles créent d’abord des linges à vaisselle, des mitaines et des foulards. «Au début, lorsqu’on faisait des expositions, les gens pensaient qu’on tenait le kiosque de nos grands-mères», s’amuse aujourd’hui la cofondatrice et directrice artistique de l’entreprise. «On a eu la passion, et de fil en aiguille, on a commencé à se dire que ça valait peut-être la peine de lancer notre entreprise et de développer nos produits. On trouvait ça sympa de faire quelque chose nous-mêmes et que ce soit durable.»

À l’époque, elles décident d’installer leur atelier au-dessus du bureau municipal du village, dans l’ancien couvent, là où les femmes de Saint-Sévère ont filé et tricoté de leurs doigts de fées durant plusieurs générations. Finalement, Marie-Claude et Evelyne se sont plutôt spécialisées dans le design de mode. «Aujourd’hui, on ne fabrique que quelques produits en tissage», précise Marie-Claude. Ce virage est notamment dû à leur rencontre avec la dessinatrice de mode Nicole Beauchemin, qu’elles ont embauchée. Elles se sont aussi séparées de ce premier métier à tisser qui les avait lancées pour en acheter un plus grand.


Elles se font un point d’honneur de se fournir en tissus du Québec, essentiellement en coton biologique, et choisissent aussi du synthétique, du bambou, de l’imprimé, du polyester… Puis elles assemblent le tout en suivant les tendances du moment et surtout, en écoutant les envies de leurs clientes. Pas question non plus de jeter les chutes. Elles sont récupérées pour faire des accessoires de cuisine, des cartes de souhaits ou d’autres petits objets. Nous étions prévenus: rien ne se perd, même pas les retailles!

Chaque année, les petites mains de l’entreprise préparent deux collections, l’une automne-hiver, l’autre printemps-été. Une employée s’occupe de couper les tissus pour les confier à des couturières québécoises qui travaillent à domicile, dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres autour de Saint-Sévère. Puis le tout est repassé et les finitions, comme les boutons, sont ajoutées à l’atelier-boutique même.

Ces robes, tuniques, jupes ou chandails, que le binôme veut «confortables et tendances», sont offerts à Saint-Sévère et sur le site internet de l’entreprise, ainsi que dans 90 points de vente au Québec et même en Ontario. Leur succès ne passe pas inaperçu: l’équipe de l’émission De par chez nous à Unis TV, qui fait découvrir des gens qui ont choisi participer au développement de leur région, leur a d’ailleurs consacré un épisode qui sera diffusé cet hiver. Pour mettre en valeur leurs produits sur leur site, les deux amies ont choisi des Québécoises qui «représentent la diversité corporelle, tous les âges et toutes les silhouettes, détaille Marie-Claude. On veut que toutes les femmes puissent se reconnaître sur les photos», ajoute-t-elle, avouant que ça reste difficile de trouver des mannequins de plus de 50 ans pour poser.

«Le but est que nos clientes se sentent belles, bien dans leur peau et dans leurs vêtements. On veut qu’elles trouvent chez nous des pièces qu’elles ne vont pas forcément voir dans les centres commerciaux.» Marie-Claude et Evelyne tiennent aussi à leur image d’artisanes locales. D’ailleurs, pas question de quitter la Mauricie et Saint-Sévère pour s’installer en ville. «Oui, c’est un petit village d’à peine 307 résidents, mais on y est bien», fait valoir Marie-Claude, bien décidée à rester dans son écrin de nature.

La série De par chez nous sera diffusée dès le 10 janvier à 20h30 sur Unis TV et sur unis.ca

Unis TV propose des émissions tournées aux quatre coins du pays qui présentent les lieux et les gens de chez nous. La chaîne est incluse dans le forfait télé de base de tous les télédistributeurs.

À lire aussi