En arrivant à l’Auberge des Glacis, à L’Islet, on a l’impression que le temps s’arrête. On admire les vieilles pierres du bâtiment. Un grand saule nous accueille dans ce domaine de cinq hectares. On entend une petite chute d’eau. La lumière orangée de fin de journée d’été se fraye un chemin dans la dizaine de chambres coquettes de cet ancien moulin à farine seigneurial installé au bord de la rivière Tortue. Tout confirme que le séjour sera reposant ; en plus, on sait qu’on y mangera merveilleusement bien.
« On passe un petit pont en arrivant sur le site et c’est comme si c’était un écrin. On peut sentir toute la quiétude, résume Nancy Lemieux, propriétaire depuis 2006 de l’Auberge des Glacis. Il y a de l’histoire ici, ça nous parle. Ça fait 31 ans que l’auberge existe, et tous les proprios ont laissé leur marque : un lac, 200 sortes d’arbres, un jardin zen. Moi, j’ai mis des sentiers d’interprétation de la flore. On prend le temps, on respire et on apprécie. »
Originaire de Saint-Romuald, à Lévis, Nancy a travaillé en hôtellerie en Estrie pour payer ses études et a longtemps été journaliste en Abitibi-Témiscamingue. Au milieu des années 2000, la maman de deux filles se sent prête pour un changement de carrière. « Un jour, au parc de La Vérendrye – un bon endroit pour faire le bilan de sa vie ! -, j’écrivais ce que j’avais le goût de faire. Je me suis rendu compte que j’étais une bonne gestionnaire et qu’une auberge serait un bon endroit pour l’être, parce que je pourrais exploiter tous mes talents. »
Une table renommée
Ainsi, elle a repris le flambeau des anciens propriétaires, Pierre Watters et Micheline Sibuet, qui avaient fait connaître le restaurant de l’Auberge des Glacis en privilégiant les produits régionaux à leur menu. L’excellence de cette table aux saveurs du terroir a plusieurs fois été récompensée. « Ç’a été la confirmation qu’on est vraiment à notre place et qu’on avait la bonne façon de développer l’Auberge des Glacis, en passant par les producteurs, affirme Nancy. Ce sont eux, les attraits touristiques de notre région et ce sont eux, la force de la table. »
Aujourd’hui, ils sont entre 50 et 70 producteurs de la région au menu de l’établissement de L’Islet. Et c’est le tout premier chef de l’Auberge des Glacis, Pascal Androdias, qui les met à l’honneur, lui qui a fait un grand retour en 2019. C’est lui qui a bâti, avec Pierre Watters, la renommée culinaire de l’auberge, raconte Nancy. Pascal est Lyonnais, et il avait mis des quenelles lyonnaises — une pâte cylindrique généralement fourrée de brochet ou de veau — à son menu. « Pendant 27 ans, il a travaillé dans les grandes cuisines de la région ; et il revient ici, après tout ce temps, et ses quenelles sont encore au menu et elles font la renommée de l’auberge. Il y a des gens qui viennent trois jours et qui prennent des quenelles tous les jours ! » Dans la vaste salle à manger aux grandes poutres de bois massif, on s’est régalés, comme il se doit.
En équipe avec les saveurs locales
Avec près de 15 ans d’expérience en tant qu’aubergiste, Nancy connaît aujourd’hui toutes les particularités des producteurs et productrices avec qui elle fait affaire. Elle a développé avec eux un langage commun, ce qui permet une meilleure maîtrise des produits et de la cuisine de l’auberge. « On sait quand a lieu l’abattage de bison ou la pêche à l’esturgeon et combien on doit garder de poissons pour qu’on en ait pour toute la saison », commente-t-elle.
Nancy Lemieux est devenue porte-parole du terroir de sa région d’origine. À travers son travail, elle met en lien, bien au-delà de l’assiette, ses clients avec les agriculteurs de Chaudière-Appalaches. L’Auberge des Glacis est une porte d’entrée pour la découverte de ce riche territoire agricole. « Notre secteur de la Côte-du-Sud est un garde-manger, dit-elle. On a des viandes, des légumes, des fruits… On a tout ce qu’il faut : l’esturgeon de Donald Lachance, le bison de la famille Chouinard, du lapin, etc. Chaque producteur a son histoire, et c’est ce qu’on met en valeur sur la table. Après avoir mangé du bœuf charolais, les voyageurs peuvent aller à Cap-Saint-Ignace, à la Boucherie de la Ferme, rencontrer les fermiers. Ils découvrent ainsi la région par les gens. »
De mère en filles
Lauréate en 2017 du prestigieux prix de l’Hôtelière de l’année de l’Association Hôtellerie Québec, Nancy Lemieux consacre sa vie à l’accueil, à l’écoute et à la transmission. L’Auberge des Glacis est devenue une grande famille, au point où les employés ont du mal à la quitter ! Lorsque Nancy Lemieux a acheté l’Auberge des Glacis, elle avait une fille d’un an et une autre de 15 ans. Aujourd’hui, Audrey Jade a de grandes responsabilités aux côtés de sa mère et Florence est depuis peu à la plonge et à l’entretien des chambres. Ensemble, elles font partie du groupe de musique Pollux Band et organisent des soupers-spectacles à l’auberge.
Nancy prône la créativité dans sa grande famille, et les clients reviennent pour y goûter. Un employé souhaite une bière des Glacis ? On la fait ! Une pièce de théâtre est aussi prévue pour 2021, en plus de soirées d’histoires vraies. « On vit de beaux moments, ici, chaque jour. C’est facile, les gens sont réceptifs. On connaît bien notre clientèle ; on a un bassin de gens qui sont devenus des amis, au fil du temps. »
Hors des sentiers battus, mais à proximité de Québec et du Bas-Saint-Laurent, l’Auberge des Glacis est unpetit trésor régional dont la mission est la transmission des savoirs du terroir qui l’entoure. Un endroit où il fait bon se poser et où l’accueil est exceptionnel.