Les Hautes-Laurentides ont un charme sauvage. Lorsqu’on passe du temps dans la région, on découvre des routes ponctuées de lacs, de rivières, de montagnes et de territoires forestiers. En longeant la route 309 à partir de Mont-Laurier, on arrive à Ferme-Neuve, une ancienne contrée de bûcherons. C’est dans ce territoire à la beauté brute que la famille Desrochers a décidé de s’installer en 1978 pour y faire butiner ses premières abeilles. Elles se sont multipliées et sont devenues les gardiennes d’un environnement au climat nordique, entre rivière et montagne : le domaine des Miels d’Anicet. Aujourd’hui, c’est Anicet, le fils ayant grandi autour des ruches, qui a repris le cheptel de son père et qui est devenu une véritable « rockstar » des abeilles. Sa conjointe, Anne-Virginie Schmidt, et lui ont développé ensemble la culture du miel au Québec.
« On a un terrain magnifique. Nos abeilles sont bien en santé, » confie la copropriétaire, Anne-Virginie. Lorsqu’on parle d’agriculture, on mentionne souvent l’importance du territoire, mais, en apiculture, le sentiment d’appartenance à la terre est d’autant plus profond que l’abeille, par son travail, rend son habitat singulier. « Le miel est la plus belle empreinte d’un territoire, explique Anne-Virginie. L’abeille butine trois kilomètres autour de sa ruche. Elle prélève le nectar d’une multitude de fleurs, autant dans les arbres que dans les fleurs sauvages ou les champs. Ainsi, le miel d’ici ne goûte pas le miel de la Gaspésie, qui ne goûtera pas non plus le miel de l’Abitibi. On se disait : “Wow ! Il faut que les gens goûtent les particularités de nos miels dans les Hautes-Laurentides”. »
Le plaisir de recevoir
Le site des Miels d’Anicet n’est pas seulement riche en découvertes, il est aussi accueillant et vivant. Sur un vaste territoire avec vue sur des vallons et la montagne du Diable, des dizaines de ruches où travaillent des milliers d’abeilles sont installées sur les terres qui jouxtent le paisible rang 2 de Gravel. On y perçoit toujours un bourdonnement autour de soi, mais rien de dangereux, et les lieux sont plus apaisants qu’autre chose.
Dans ce décor enchanteur, Anne-Virginie et Anicet savent recevoir. L’accueil réservé aux invités est merveilleux. Les bâtiments, dont la boutique aux produits soignés et la cantine gastronomique, sont modernes et lumineux. « Le plus beau cadeau qu’on peut se faire, c’est de rencontrer les gens qui achètent nos produits, dit Anne-Virginie. On a envie que les gens viennent nous visiter à Ferme-Neuve et de prendre du temps avec eux pour qu’ils comprennent notre territoire, qu’ils goûtent nos miels. Aujourd’hui, les artisans du Québec vendent plus qu’un produit. On vend un entrepreneur, on vend une âme, on vend un sourire derrière un pot de miel. » Et les visiteurs de Miels d’Anicet lui rendent la pareille, puisqu’ils sont de plus en plus curieux de comprendre leurs méthodes de travail et de découvrir ce miel au goût unique.
Si Anicet et Anne-Virginie ont réussi leur pari d’influencer la culture du miel au Québec, leur entreprise profite aussi d’un rayonnement international qui n’est pas banal. Tout débute par un projet de vie commun, où leurs rôles diffèrent mais se complètent. « Anicet avait envie de devenir un éleveur de reines, de développer une abeille adaptée au territoire québécois, donc plus rustique que des abeilles italiennes, par exemple. Son rêve est vraiment d’être un entomologiste de l’abeille, d’être vraiment dans la génétique. Et moi, je commercialise ce miel, je développe cette culture. Mon rôle est axé sur une éducation du miel, alors que le sien tourne autour de la protection de l’abeille, au rang mondial, parce qu’on se promène beaucoup à l’international. » Leur défi actuel est d’amener les abeilles à mieux se battre contre les défis auxquels fait face l’agriculture de nos jours.
Les bienfaits dans l’assiette
Au fil des ans, l’offre touristique de Miels d’Anicet s’est accrue et les produits se sont diversifiés. Une gamme de soins corporels nommée en l’honneur de la fille du couple, Mélia, est préparée avec la cire sécrétée par les abeilles. Il y a aussi une valorisation du miel en cuisine, à la charmante cantine Pollens et nectars. Comme le miel a des propriétés antioxydantes, on le retrouve un peu partout dans les plats du menu, accompagnant des rillettes, des salades, des burgers ou des pizzas. « Le miel, c’est bien moins plate que du sucre, tranche Anne-Virginie. Ç’a une panoplie d’arômes. Même les chefs n’avaient pas réalisé tous les goûts offerts dans les miels jusqu’à il y a environ 15 ans. On en profite donc aussi pour concocter des produits gourmands, comme des confitures, des pains d’épices. »
Avant de terminer une visite chez Miels d’Anicet, on ne manque pas de goûter aux hydromels Desrochers D et à sa fameuse gamme Beez également produits au domaine depuis 2008 par Naline Dupuis-Desrochers, sœur d’Anicet, et son mari Géraud Bonnet. Ce partenariat permet de comprendre que la miellerie demeure avant tout une entreprise familiale, qui ne cesse de grandir et d’impressionner, ayant à cœur le développement des abeilles, la mise en valeur du territoire et la fabrication de produits qui font honneur au travail de ces insectes fascinants.