Un gin coulé dans le rock

Passionné de spiritueux et de musique, Jean-François Rheault a décidé de faire d’une pierre deux coups en se lançant en affaires en 2019. La spécificité de sa Distillerie du Quai : les alcools y sont élevés au son d’une liste de lecture diffusée dans les haut-parleurs de l’établissement. Ainsi est né le gin SuperSonic. 

« Les spiritueux, c’est un intérêt de longue date. Je suis un amateur de whisky et de gin, raconte le fondateur et distillateur Jean-François Rheault. J’ai visité beaucoup de distilleries lors de voyages à travers le monde. J’ai ainsi acquis des connaissances au fil des ans et quand j’ai mis sur pied mon propre projet, je ne partais pas de zéro. Avant, j’étais gestionnaire dans une raffinerie. Je faisais des recettes d’aluminium ; maintenant, je fais des recettes de gin !  »

Offert à la SAQ depuis octobre 2019, le SuperSonic – aperçu derrière un bar aux Rendez-vous Québec Cinéma et au menu des matchs de l’équipe de baseball les Aigles de Trois-Rivières – est composé de baies de genévrier, de coriandre, de sapote, de feuilles de combava, de boutons de casse, de maniguette (appelée aussi graine du paradis), de racines d’angélique et d’iris et d’agrumes (citron et orange). « On goûte aussi des touches de chocolat et de cannelle. C’est hyper frais, dit fièrement le distillateur. Notre méthode nous permet d’avoir une texture douce et un gin très rond en bouche. Ça se prend bien seul sur glace, sinon, en cocktail, c’est un passe-partout. »

 

Alambic en musique

Un autre ingrédient a de l’importance dans la confection de ce gin : la musique. Mélomane, Jean-François souhaitait intégrer son amour du quatrième art dans ses méthodes de distillation. « Notre déco est très orientée vers la musique, et on va bien plus loin dans le concept : quand on part une distillation, y a une playlist qui joue en boucle tout le long de la production dans des haut-parleurs autour de l’alambic. L’idée de base est que prendre un verre, c’est festif, c’est rare qu’on fasse ça en silence. Puisqu’il y a presque toujours de la musique qui vient avec de l’alcool, le mariage était parfait pour moi. »

Chaque lot de SuperSonic est donc associé à une liste de chansons unique. Jean-François nous confirme que les genres musicaux varient : « On passe de rock à disco à rap. Sur notre page Spotify, on a une centaine de playlists différentes. » La sienne, utilisée pour le tout premier lot du gin de la Distillerie du Quai, est plutôt rock (KISS, Muse, Jet, The Strokes, Arctic Monkeys), alors que celle du troisième lot, concoctée par l’animatrice de Salut, Bonjour ! Sabrina Cournoyer, est plus électro, avec Geoffroy et Flume.

Jean-François est aussi l’hôte de vrais concerts dans les murs de sa distillerie. L’endroit peut accueillir de 30 à 35 personnes, nous dit-il. « On en a eu quelques-uns depuis l’ouverture, dont Fred Fortin et Mara Tremblay. Les artistes apprécient, parce que c’est rare de jouer en ayant ce genre d’intimité et de complicité avec un public. J’avais cette idée-là en tête depuis le début du projet de distillerie, mais on n’a pas configuré la place en fonction de ça ; on s’est plutôt arrangé avec l’espace qu’on avait. »

La caisse qui fait pop

Lorsque l’idée d’une distillerie a germé dans la tête de Jean-François, il y a vu l’occasion d’un retour à Sainte-Angèle-de-Laval, après quelques années passées dans la région de Montréal. « C’était important pour moi de m’installer dans mon village natal. C’est un coin assez exceptionnel. On est sur les rives du Saint-Laurent, on a le quai. C’est un très beau site, autant en hiver qu’en été. C’est un beau village pittoresque, qui est à proximité des grands centres. »

En faisant des recherches pour une bâtisse à acheter, il est tombé sur la Caisse populaire du village. « J’ai appelé pour visiter et je suis tombé sur un gars que je connais qui est de l’Ô Quai des brasseurs, de l’autre côté du boulevard. Ç’a été un beau timing, et ç’a déboulé à partir de ce moment-là. Ç’a cliqué très rapidement et on est devenus associés dans les semaines suivantes. » Les nouveaux entrepreneurs ont complètement rénové la bâtisse avant l’ouverture officielle de la distillerie en juillet 2019. « Mais, en fait, il reste le guichet automatique », avoue Jean-François.

Cette aventure ne fait que commencer. Dans les mois et les années à venir, l’entrepreneur compte développer de nouveaux produits. La Distillerie du Quai travaille sur trois autres spiritueux. Le whisky est une avenue possible, mais c’est une production complexe, car plus longue, explique Jean-François. « Il faut investir beaucoup d’argent qu’on ne reverra pas avant trois ans. Mais étant un grand amateur de whisky, j’aimerais bien ça, en faire un ! »

Le fondateur espère accroître le nombre de curieux dans ses locaux. « À l’été 2019, les visites étaient très populaires. Les gens apprennent petit à petit notre existence. »

À lire aussi