Distillerie Stadaconé : Éducation, création et jeu d’évasion

Dans le branché et effervescent Limoilou à Québec, la Distillerie Stadaconé est devenue, en un an seulement, la fierté des gens du quartier. Créatif, le trio de fondateurs use d’originalité pour faire vivre une expérience complète et originale à ses visiteurs. Rendez-vous dans la première distillerie québécoise alliant jeu d’évasion, volet éducatif et dégustations de gins colorés.

Plantée tout près de l’animée 3e Avenue et d’une quinzaine de bons restaurants (dont le Arvi récemment nommé meilleur restaurant au Canada), la Distillerie Stadaconé voit sa renommée progresser aussi bien que la voisine rivière Saint-Charles.

C’est évidemment son nom qui intrigue tout d’abord. Un nom tout droit sorti du 16e siècle et emprunté au village iroquoien à côté duquel Jacques-Cartier lui-même aurait dressé son premier campement. 

« La distillerie est exactement à mi-chemin entre ce village et l’endroit où se trouvait le campement des Français, explique le cofondateur et président Jean-Pierre Allard. C’est notre inspiration : quand on boit de l’alcool, c’est souvent dans le cadre d’une rencontre. Nous, ce n’est pas n’importe laquelle, c’est la grande rencontre entre les Européens et les Premières Nations qui s’est passée à quelques mètres, si ce n’est pas exactement ici. »

Ses cofondateurs associés – Alexandre Thomas, directeur au marketing et Jonathan Chrétien, directeur des opérations et créateur des recettes – sont d’anciens collègues avec qui il bossait dans une boîte en haute technologie. Ensemble, les amis ont voulu créer une entreprise qui leur ressemblerait, qui leur permettrait d’échanger avec les gens et qui offrirait une expérience aux visiteurs amateurs de spiritueux. 

Ainsi est née l’idée d’ajouter un jeu d’évasion d’une vingtaine de minutes aux visites et aux dégustations de la distillerie. La mise en situation de l’activité baptisée « Terre en vue » : le capitaine d’un bateau vient d’accoster à Stadaconé et se meurt du scorbut. Il faut donc rapidement trouver les cinq ingrédients qui serviront à composer le remède pour le guérir. Le tout se déroule dans un décor et une ambiance fluviale du 16e siècle, messages à décoder et liens à créer avec les peuples autochtones inclus. Aux participants futés, on offre en cadeau une dégustation de gins sur un bar en forme de bateau d’époque. 

« On raconte ensuite une histoire plus récente, celle de la production locale d’alcools et de chaque étape de création : comment, par exemple, part-on d’une bière pour faire un whisky ? Ceci est rarement expliqué dans ce genre de visite. Ce volet éducatif est très intéressant et très apprécié des clients. C’est ce que nous voulions : recevoir les gens et que ceux-ci sortent de l’expérience changés. » 

Stadaconé peut aussi se vanter d’être la première distillerie au Québec à offrir un système de consignes. Plusieurs habitués ont ainsi pris l’habitude de ramener leurs bouteilles vides que la distillerie se fait un devoir de recycler. Logique lorsqu’on sait que les valeurs du trio incluent la nécessité d’avoir un emploi près de la maison afin de pouvoir s’y rendre à pied ou à vélo. 

Un lieu de rencontre, une vie de quartier 

Limoilou et la 3e Avenue sont devenus une destination en soi de la Vieille Capitale. Les habitants du quartier – que plusieurs comparent au Mile End de Montréal pour sa faune éclectique, ses cafés, ses restaurants – et du reste de la ville se mêlent désormais aux visiteurs étrangers de plus en plus nombreux. 

Ce n’est donc pas un hasard s’il est inscrit « Limoilou, Québec » sur les bouteilles de gin. Faire une différence dans la vie de ce quartier reliant le lac Saint-Charles à l’embouchure de la rivière, sur le fleuve Saint-Laurent ; voilà exactement ce que souhaitaient les trois fondateurs de Stadaconé. 

« Les gens du coin nous ont dit : « Vous êtes la fierté du quartier ! » Cette fierté, on la ressent aussi lorsqu’on va à la SAQ et quand on entre dans un restaurant et qu’on voit nos produits. On a vraiment un travail qu’on aime, car les clients qui sortent d’ici sortent toujours avec le sourire et en ayant apprécié leur expérience. »

Alexandre Thomas et Jean-Pierre Allard, deux des co-fondateurs de la Distillerie Stadaconé (absent sur la photo: Jonathan Chrétien)

Stadaconé propose, pour le moment, trois gins colorés. Le Bleu (qui devient mauve lorsqu’on y ajoute du tonic grâce aux propriétés presque magiques de la fleur pois papillon que l’on fait macérer !), le Rouge et un dit Noir qui est en fait translucide.   

« On a voulu se distinguer des autres gins de deux manières. Premièrement, en s’éloignant du fameux London Dry Gin qui devait être composé de 80% de baie de genièvre, 10% de coriandre et 5% de cardamome et qui ne laissait qu’un petit 5% de créativité, explique Jean-Pierre Allard. On met moins de baies de genièvre, ce qui donne des gins plus doux qui peuvent se déguster tout seul. Puis, en allant chercher des ingrédients moins fréquents comme les canneberges que l’on macère pour le gin rouge, la fleur (et non le fruit) de sureau, des épices d’Australie en importation privée, la feuille de combava et l’épice galanga d’Afrique pour un gin « exotique ». On essaye de faire voyager les gens avec nos gins. » 

Et l’équipe ne compte pas s’arrêter là. Elle travaille sur une liqueur entre autres composée d’un mystérieux et « méconnu petit fruit qui pousse au Québec ». Lorsque le secret sera élucidé, on aura une autre bonne raison de rendre visite à la Distillerie Stadaconé. Puisque la jeune entreprise est axée sur une expérience éducative complète autour de la distillation, des ingrédients et de ses produits, on pourra tout savoir sur sa concoction.

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