Une rivière majestueuse et une mer intérieure : une grande boucle routière au Saguenay–Lac-Saint-Jean

On n’est jamais bien loin du Saguenay–Lac-Saint-Jean. De toutes les régions du Québec, c’est peut-être celle où l’on a le plus de chances de passer, si bien que pour peu qu’on parcoure le Québec, ce coin de pays se trouve souvent sur notre chemin, et — ce n’est pas pour nous déplaire — toutes les routes pour s’y rendre sont magnifiques et donnent à voir des paysages grandioses. Pour les amateurs de route, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est un terrain de jeu de prédilection offrant de multiples possibilités d’itinéraires.

Mais révélons sans plus attendre notre coup de cœur routier : les nombreux voyageurs venant du sud doivent impérativement se laisser tenter par la route 155, qui longe le Saint-Maurice. L’arrivée « au Lac », comme disent les habitués, est alors magistrale quand, à quelques kilomètres de Chambord, on aperçoit l’immense étendue d’eau avec l’impression d’arriver à la mer.

Si l’on se donne comme défi de faire la plus grande boucle possible, pour parcourir toute la région, c’est néanmoins par la route 170, depuis Saint-Siméon, dans Charlevoix, qu’il faut commencer son voyage. Louvoyant au cœur de la vallée de la rivière Petit Saguenay à travers de jolis paysages tantôt forestiers tantôt agricoles, elle vous mènera au village du même nom, où vous devez aller faire un tour sur le quai pour prendre la mesure du paysage. C’est l’une des plus belles vues sur le fjord, et il fait bon se promener au bord de l’eau pour respirer l’air des battures. 

Vous continuerez ensuite votre route jusqu’à L’Anse-Saint-Jean, où il faut aussi vous arrêter, pour une courte pause ou pour quelques jours, ne serait-ce que pour relaxer à la marina, au sympathique Café du Quai, ou encore pour visiter La Chasse-Pinte, une brasserie coopérative dotée d’un coquet bistrot installé dans un ancien camp de pêche. Mais sachez qu’il faut bien plus que quelques lignes pour mettre en vedette tout ce qu’il y a à faire dans le coin. Ces arrêts sur la route ne sont au fond qu’une porte d’entrée pour toute une zone d’activités où le clou du spectacle est dans le parc national du Fjord-du-Saguenay.

La route 170 vous mènera ensuite vers La Baie. Un peu avant Saint-Félix-d’Otis, prenez la petite route dite Vieux-Chemin, qui devient plus loin chemin de la Batture. C’est un peu plus long, mais ce petit détour flirtant avec la rivière Saguenay est fort joli. Vous rejoindrez ensuite le boulevard de la Grande-Baie, qui offre une vue imprenable sur cette rivière aux allures de fleuve. À La Baie, pour continuer votre périple à la recherche de beaux paysages, juste après avoir quitté la zone portuaire pour gagner le centre-ville, suivez la rive en prenant la rue Victoria. Vous passerez ainsi par les rangs menant à l’Anse-à-Benjamin. Dans ce coin, vous pouvez vous arrêter à la fameuse fromagerie Boivin et vous promener dans les sentiers Eucher, non loin de la marina. Ensuite, le parcours le plus intéressant consiste à continuer sur la route de l’Anse-à-Benjamin, qui bifurque sur le rang Saint-Martin, que vous prendrez jusqu’à Chicoutimi-Est pour vous faufiler dans le centre-ville de Saguenay.

C’est toujours par cette même route 170, qui aboutit entre Métabetchouan et Saint-Gédéon, que vous vous rendrez au lac Saint-Jean, et c’est ensuite par la route 169 que vous pourrez entreprendre le grand tour du lac. Ce circuit de près de 200 kilomètres vous permettra d’explorer bien des facettes de cette vénérable étendue d’eau, c’est pourquoi nous vous conseillons vivement d’y aller par petites bouchées. 

Sur la rive sud, nous vous recommandons d’ériger votre camp de base au Village historique de Val-Jalbert, dans l’une des maisons ancestrales restaurées en logement haut de gamme, dans un mini-chalet ou encore au camping. Vraiment, ce site — qui n’a plus rien d’un village fantôme abandonné ! — est magnifique et mérite à lui seul la visite. Avec ses sentiers bien aménagés, la mise en valeur du patrimoine industriel, la préservation des bâtiments anciens, un téléphérique qui permet d’accéder au sommet de la grande chute et un restaurant dans le vieux moulin à papier, c’est un endroit idéal pour s’installer pour quelques jours.

Tout le secteur ouest du lac, entre Roberval et Dolbeau-Mistassini, mérite une exploration fouillée. Vous n’aurez aucun mal à vous tailler un itinéraire pour y faire des emplettes. C’est qu’on y trouve des institutions locales, comme la vénérable fromagerie Perron, à Saint-Prime, avec son musée de l’ancienne fromagerie à quelques mètres de la boutique-restaurant. C’est non loin de là, à Saint-Félicien, que la brasserie La Chouape, première ferme brassicole du Québec, brasse ses bières avec des céréales provenant de ses propres cultures. Dans le même patelin, sur les rives de la rivière Ashuapmushuan, Bouchard Artisan Bio fabrique des cheddars et des yogourts considérés parmi les meilleurs de la province. À Dolbeau-Mistassini, c’est la Chocolaterie des Pères Trappistes, fidèle à sa tradition datant de 1939, qui est prête à vous accueillir.

À propos de bière, de fromages et d’autres gourmandises, la Table agroalimentaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean fait un très bon travail pour répertorier les producteurs, détaillants et restaurateurs qui mettent en valeur le terroir et le savoir-faire saguenay-jeannois. Ces derniers sont regroupés sous la marque Zone boréale. Son site web et sa carte font d’excellents compagnons de voyage pour les amateurs d’agrotourisme comme pour les simples gourmands curieux.

La portion nord du Lac-Saint-Jean, entre Saint-Félicien et Alma, est la plus sauvage et donne accès à des zones naturelles d’une grande beauté. On s’en rend compte juste avant d’arriver à Saint-Méthode, où prendre une pause pour jeter un coup d’œil au marais Tikouamis jouxtant la rivière Ticouape. Ensuite, c’est toute la pointe entre la rivière Mistassini et la petite rivière Péribonka qui permet de sortir des sentiers battus, notamment en se faufilant entre les bleuetières à perte de vue et le parc régional des Grandes-Rivières du lac Saint-Jean. Il s’agit vraiment d’un coin à découvrir, en particulier dans le secteur de Vauvert, où la plage sablonneuse a des allures de paradis tranquille. Un peu plus loin, à Péribonka, la route qui longe la rivière est particulièrement remarquable et se rend au parc national de la Pointe-Taillon, un joyau régional donnant un accès sans pareil au lac et un formidable terrain de jeu pour les amateurs de plein air. Un bonus : les couchers de soleil qu’on peut contempler sur les plages de la rive nord du lac sont parmi les plus beaux du Québec.

Vous continuerez votre itinéraire sur la route 169 et compléterez votre tour du lac par les jolies campagnes de Sainte-Monique et de Saint-Henri-de-Taillon pour vous diriger vers Alma. C’est ensuite par la route 172 que vous pourrez reprendre le chemin de Saguenay et poursuivre votre voyage en direction de Tadoussac. On peut dire que nous vous avons gardé le meilleur pour la fin, car dès que vous aurez passé le secteur de Chicoutimi-Nord, ce sont certains des plus beaux paysages de la province sur cette route majestueuse qui se dresseront devant vous. En effet, alors qu’elle danse avec le fjord du Saguenay jusqu’à Saint-Fulgence offrant un panorama incroyable sur une rivière qui semble ne pas avoir de fin, la route 172 quitte ensuite la rive pour rejoindre quelques kilomètres plus loin l’époustouflante vallée de la rivière Sainte-Marguerite. 

Sur une centaine de kilomètres, saisissez toutes les opportunités de bifurquer vers la rivière Saguenay, pour aller par exemple visiter le hameau de Cap-Jaseux, où se trouve une belle base de plein air ainsi que l’étonnant et dynamique petit marché fermier de La vieille ferme. Plus loin sur la route, la fabuleuse descente vers Sainte-Rose-du-Nord donne sur l’un des plus beaux villages québécois. Ne manquez pas l’occasion de faire une pause sur son quai, de marcher dans ses sentiers et de remonter la (très) abrupte rue de la Montagne pour contempler le paysage du haut de la plateforme aménagée. Enfin, un peu avant d’arriver à Sacré-Cœur, c’est le secteur Baie-Sainte-Marguerite du parc national du Fjord-du-Saguenay qui donne accès à l’embouchure de la rivière Sainte-Marguerite, qui se jette dans la majestueuse Saguenay en formant un delta sablonneux et de superbes plages.

C’est ainsi que se termine cette grande boucle au Saguenay–Lac-Saint-Jean, à un endroit que vous ne voudrez sans doute plus quitter, ou sinon pour aller dans l’autre direction, en revenant sur vos pas, histoire d’aller voir tout ce que vous avez manqué en route!

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