Monsieur bonne humeur

Il vaut mieux prévoir plus qu’une journée pour visiter Saint-Roch-des-Aulnaies et ses environs, foi de Christian Joncas, adepte de plein air et amoureux de la région, qu’il anime de sa bonne humeur. 

Marie-Hélène Beaulieu prend la route vers sa talle habituelle de têtes de violon, sur les rivages de la rivière Ferrée, près de Saint-Roch-des-Aulnaies. Le temps presse : en cette mi-mai, la courte saison de cueillette (une à deux semaines) de cette jeune pousse de fougère comestible tire déjà à sa fin. La Pocatoise doit agir, et vite. Se croiser les bras signifierait de patienter jusqu’à l’année prochaine pour déguster quelques crosses fraîches poêlées avec du beurre, un classique. Direction : le Méandre, une halte d’interprétation consacrée à la rivière aux flots riches en fer.

Sur place, la cueilleuse du dimanche stationne sa voiture. Puis elle salue brièvement des kayakistes qui, manifestement, s’apprêtent à descendre la Ferrée – leurs embarcations en plastique aux couleurs criardes ne mentent pas. L’un d’eux, tout particulièrement affable, entame la conversation : « D’où viens-tu ? Que fais-tu ici ? Heille, est-ce que ça te tente de pagayer ? » Marie-Hélène Beaulieu est prise de court, mais accepte. Ce jour-là, équipée par Christian Joncas, son bon samaritain, elle découvrira la petite rivière devenue grande pour cause de fonte printanière. Surtout, elle le fera en excellente compagnie. Je le sais : j’étais là.

 

Un triathlon avec ça ?

Ce n’est pas la première fois que Christian embarque une ou un pur inconnu dans l’une de ses aventures. « Il suffit de me dire “bonjour” et je vous lance une invitation. L’effet de surprise est assuré ! », raconte cet Aulnois de 61 ans. Depuis que cet ex-producteur laitier biologique certifié, l’un des rares au Québec, s’est départi de son exploitation, il se consacre à temps plein à sa grande passion : le plein air. Sans surprise, il est le cofondateur du Club de plein air des Aulnaies, un regroupement informel d’amateurs de la nature qui sévit dans la région. Leur devise ? Tout le monde dehors.

Fat bike, kayak de rivière, ski de fond, tennis : l’homme est un hyperactif qui aime partager son enthousiasme. Lors de la saison estivale 2018, il estime ainsi être sorti sur le fleuve Saint-Laurent à bord de son voilier avec plus de 250 personnes. Il organise en outre des triathlons sur une base régulière. Le concept est simple et n’implique pas d’enchaîner nage, vélo et course à pied. « Il faut plutôt que les gens complètent trois activités de leur choix dans la journée. Il n’y a pas de notion de performance », souligne-t-il. La preuve : la dernière discipline peut tout à fait être une virée au Pub Ras L’Bock, la microbrasserie de Saint-Jean-Port-Joli, le village voisin.

Ambassadeur de sa région

Les plus cyniques pourraient prêter de fort peu louables intentions en forme de piasse à Christian. Ce serait pourtant de la mauvaise foi : l’homme ne demande aucune contribution financière à ses invités… même s’il ne refuse pas une bonne bouteille de vin en guise de remerciements. Qu’est-ce qui le motive, alors ? La réponse : son coin de pays. « Je me vois comme un promoteur de Saint-Roch-des- Aulnaies et des environs. Je trouve que le potentiel récréotouristique y est sous-exploité : pourtant, il y a tellement de choses à faire sur place ! », explique celui qui siège au sein du CA de la Seigneurie des Aulnaies, un centre d’interprétation de la vie seigneuriale en Nouvelle-France.

Entre une descente de la rivière Ferrée en kayak ou une randonnée à vélo sur la piste de la Grande- Anse, plusieurs bonnes adresses s’offrent en effet aux visiteurs de passage. À la boulangerie Du pain… c’est tout !, Charles Létang et sa conjointe Émilie Vallières travaillent avec du levain naturel et des farines biologiques locales. Ne manquez pas leurs croissants, qui font saliver de bonheur les touristes français pourtant habitués aux viennoiseries dignes de ce nom. Pendant la belle saison, c’est au Café du Bon Dieu que ça se passe, un petit café de village installé dans le presbytère patrimonial de la municipalité, que le curé de la paroisse habite toujours. Sans parler des auberges, résidences touristiques et gîtes, comme Au soir qui penche…

Bien sûr, une petite marche de santé dans le coeur du village s’impose. En revenant de l’époustouflant Havre du Quai, un type fort sympathique vous saluera peut-être. Retournez-lui la politesse, vous ne le regretterez pas.

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