Hébergement aux cinq sens : Vivre au rythme de la nature

Comment travailler avec la nature pour ne faire qu’un avec elle ? À Piopolis, la sensibilisation au milieu naturel et l’écoresponsabilité sont les grandes idées derrière l’entreprise Hébergement aux Cinq Sens.

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À la fin des années 2000, Paule Rochette s’est établie avec son ex-conjoint dans leur région coup de cœur des Cantons-de-l’Est. Le sentiment d’appartenance avec ce coin de pays était fort et elle a su que c’était là qu’ils s’installeraient pour créer un projet d’hébergement en nature. « Je cherchais un lieu où la nature était encore sauvage et où on allait ressentir qu’une entreprise d’hébergement insolite en forêt pourrait voir le jour, s’épanouir et être en symbiose avec le milieu naturel. » 

C’est dans un boisé du rang des Grenier, à quelques pas du village de Piopolis, au bord du lac Mégantic, qu’elle a découvert l’endroit rêvé où inviter les visiteurs à poser leurs bagages pour se ressourcer et mieux comprendre la nature qui les entoure. Le rêve s’est ainsi tranquillement concrétisé. « C’est ma passion, d’amener les gens dans la forêt pour décrocher du quotidien et retrouver leurs sens, explique Paule. On prend le temps d’écouter les feuilles et les oiseaux en se levant le matin. »

Comme le nom de l’endroit l’indique, ici, tous les sens sont éveillés par le milieu environnant. On y va pour regarder le feu qui crépite, sentir les odeurs de la forêt et écouter le vent qui souffle dans les arbres. La récréologue de formation, membre de la nation huronne-wendat et de Tourisme Autochtone Québec, se considère aujourd’hui comme la gardienne d’un site empreint de sérénité, qui invite autant à la détente qu’à la sensibilisation à la conservation des milieux naturels, par le biais d’activités multiples. 

Hébergement varié

Pour ce qui est des options d’hébergement, on compte entre autres cinq yourtes sur ce site de 14 acres. Elles ont été construites par un fournisseur québécois, qui a respecté la structure traditionnelle circulaire d’origine mongole et les a adaptées au climat québécois, pour qu’elles soient durables. Il y a également une minimaison de bois, quatre tentes-hamacs — suspendues dans les airs, tout près d’un joli ruisseau — et un refuge rustique ouvert du printemps à l’automne. 

« Je souhaitais qu’on soit en complémentarité avec l’offre touristique régionale. On a été les premiers à ouvrir des yourtes dans les Cantons-de-l’Est. On avait l’air un peu extraterrestres au début ; mais, tranquillement, la Sépaq en a installé dans les parcs, et il y a eu d’autres développements ailleurs. On voulait avoir des yourtes plus traditionnelles en pleine forêt, pour les quatre saisons. C’est un beau grand défi qu’on a réalisé. »

Développement des activités

En 2017, Paule rencontre Benoît, biologiste et animateur d’activités de sensibilisation à l’environnement et de relation à la nature. Les deux réalisent qu’ils ont en commun ce désir de faire une différence en participant à une prise de conscience environnementale. C’est sur la base de cet engagement qu’ils ont formulé ensemble une série d’activités offrant un contact intime avec les milieux naturels, notamment une « rencontre avec l’esprit de la forêt », animée par Benoît, des soirées aux étoiles et des ateliers en lien avec la récupération de l’eau. « L’idée, pour moi, confie-t-il, c’est de faire comprendre notre place en tant qu’être humain dans cette nature-là, qui est une partie de nous et non pas quelque chose qui est juste à visiter. C’est beaucoup plus que ça. Moi, en tant que biologiste, c’est ma façon de transmettre une écologie durable, d’arriver à comprendre comment, de façon inextricable, nous sommes ensemble : si la nature va bien, on va bien. Si elle ne va pas bien, on ne va pas bien. » C’est en suivant cette idée de symbiose avec l’environnement que ce passionné a construit une serre solaire passive quatre saisons ainsi qu’un étonnant système de récupération d’eau permettant de récolter plus de 25 000 litres par saison estivale. 

Aux Cinq Sens est donc un site écoresponsable, où les visiteurs sont invités à s’initier aux rouages du tourisme durable. « On introduit nos invités à ce qu’est un site de développement durable, explique Benoit. Lors de grosses tempêtes, on récolte ce qui tombe des arbres, on récupère le bois et c’est ce qui chauffe les yourtes en hiver. Les gens comprennent donc que le bois est fourni, mais qu’il est à utiliser de façon raisonnable. L’idée est de ne pas aller au-delà de la capacité de ce que la nature peut offrir. »

Valeurs écoresponsables

Alors que les visiteurs profitent de la déconnexion des tumultes de la vie quotidienne proposée par les hôtes, ils sont aussi invités à utiliser l’eau à bon escient. Elle n’est pas courante, donc précieuse ! Il y a également des apprentissages faits autour de la bonne gestion des déchets. « On demande aux gens de nous aider à prendre soin de ce lieu et d’en devenir, eux aussi, des gardiens, dit Paule. C’est d’être dans un respect mutuel avec les autres et les animaux. C’est important que le client comprenne dans quel univers il s’installe pour ses vacances. Ceux qui se permettent cette reconnexion à soi et aux éléments de la nature reviennent chez eux ouverts, zen, ressourcés. »

Paule et Benoit offrent ainsi aux visiteurs une pause permettant de vivre en toute liberté des moments uniques au rythme de la nature. Ils souhaitent que les visiteurs se sentent à l’aise de s’approprier le lieu, tout en comprenant les effets des gestes qu’ils posent. « Quand ils arrivent, on leur explique comment tout fonctionne, le poêle à bois et les aires communes ; mais après, c’est à eux de vivre leur propre expérience et d’aller explorer. On aménage des lieux pour que la magie se crée. Si vous voulez aller au ruisseau, au bassin ou ailleurs, vous allez découvrir quelque chose de merveilleux. »

Les deux hôtes de ce lieu insolite et étonnant partagent pour l’avenir une vision similaire du respect de la nature et ont des idées de développement complémentaires, et c’est ce qui fait le succès d’Hébergement aux Cinq Sens. Pour eux, la forêt est ce lieu qu’on partage avec la faune et la flore. « L’idée est de faire comprendre notre place en tant qu’être humain dans cette nature qui est une partie de nous et non pas quelque chose qui n’est qu’à voir, conclut Benoît. De façon inextricable, on est ensemble. Si la nature va bien, on va bien. »  

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