La ferme du bonheur

Au détour d’un petit rang typique de la campagne montérégienne, la ferme fromagère Au Gré des Champs se détache du paysage avec son toit rouge et son étable neuve à l’architecture contemporaine. C’est là que la famille Gosselin fabrique ses fromages fermiers à partir du lait de ses vaches.

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Elles s’appellent Nadia, Martha ou Rose : à la ferme Au Gré des Champs, les vaches ont toutes un petit nom. Et pour ces « demoiselles », on est aux petits soins. Pour Daniel Gosselin, sa femme, Suzanne, et leur fille, Marie-Pier, le bien-être des bêtes est une priorité. Après tout, ces dernières font pratiquement partie de la famille !

Tout est mis en œuvre pour assurer le confort du troupeau, à commencer par la nouvelle maison de ce dernier, une vaste étable aux lignes épurées imaginée par les architectes de la firme La Shed, dont la construction s’est achevée à l’été 2019. « Ça va vraiment avec les valeurs que nous défendons en tant que producteurs agricoles. Il n’y a pas mieux qui peut se faire [en matière d’aménagement] pour le bien-être des animaux », confie Marie-Pier Gosselin, qui assure la relève à la ferme. Ses parents, en véritables visionnaires, ont entrepris un virage vers l’agriculture biologique au milieu des années 1990, puis lancé un premier fromage fermier au lait cru en 2000. 

Au-delà des considérations esthétiques, la diplômée en agronomie voulait offrir le nec plus ultra à ses vaches. L’immense bâtiment de 17 000 pieds carrés, la taille d’un Canadian Tire, a été construit en pruche d’ici, puisque la consommation locale est une autre valeur chère à l’entreprise. Il a été pensé pour permettre aux bêtes de se déplacer librement. De plus, elles ne sont jamais attachées et sortent aussi souvent qu’elles le désirent, l’été surtout, mais l’hiver également. « Dans l’étable, elles peuvent se coucher où elles veulent et à côté de qui elles veulent, explique Marie-Pier. Rien ne restreint leurs mouvements. Même les petits veaux sont élevés auprès de mères nourrices, ce qui leur permet de vivre leur vraie vie de nouveau-nés et de boire quand ils le veulent, entre autres choses. Déjà, on voit en mesurant leur croissance qu’ils sont vraiment bien dans la nouvelle étable. » 

« Au début de notre démarche d’agrandissement, mon père et moi avons visité beaucoup d’étables, en particulier pour étudier les aspects techniques, se souvient-elle. Ça nous a permis de mieux cerner ce qu’on voulait. » La leur n’a rien à voir avec ces étables sombres et mal ventilées qui ressemblent à de « gros arénas » disséminés un peu partout dans la Belle Province. Ici, dans l’étable ouverte aux visiteurs, la lumière naturelle est omniprésente, grâce aux parois translucides des murs et à un puits de lumière. Inusité pour une étable, n’est-ce pas ? 

Autre particularité qui change tout, tant pour les animaux que pour les travailleurs et les visiteurs : la circulation de l’air. « Ça ne sent presque pas l’étable ! », s’exclame Marie-Pier, qui convient que tous ces facteurs ont des effets tangibles sur la qualité de vie de toute la famille et de ses employés. Surtout que, de son propre aveu, les fermiers passent énormément de temps dans l’étable avec les animaux. « Plus que dans notre propre maison », assure-t-elle.

Une histoire de famille 

Vingt ans après sa fondation, la Fromagerie Au Gré des Champs produit une dizaine de fromages à partir du lait de ses vaches suisses brunes, une race réputée pour son lait gras et riche en protéines, « parfait pour la production fromagère ». Du lot, plusieurs des créations fermières d’Au Gré des Champs sont reconnues parmi les meilleurs fromages québécois, prix à l’appui : Le Gré des Champs, dont la saveur rappelle ce que les vaches mangent aux champs ; Le Pont Blanc à la croûte fleurie ; Le Frère Chasseur, aux notes de fruits confits et de caramel ; ou encore Le Monnoir, une pâte ferme qu’on aime déguster en raclette. Tous sont disponibles dans la jolie boutique de la fromagerie, qui propose aussi une panoplie de produits du terroir. 

En prenant la relève de l’entreprise familiale, Marie-Pier Gosselin succède ainsi à ses parents. Ce qu’on sait moins, c’est qu’eux-mêmes avaient repris et transformé en fromagerie la ferme laitière de 65 hectares bâtie en 1963 par le grand-père. Sa sœur, Virginie, a, elle, choisi de se consacrer à la photographie alimentaire, une profession qui lui permet, à l’occasion, de travailler avec le reste de la famille. 

Animée par la même volonté d’innovation que les deux générations qui l’ont précédée, Marie-Pier ne manque pas d’idées. C’est ainsi que l’ancienne étable au toit rouge sera rénovée et réaménagée en boutique, afin de recevoir les clients dans un environnement adapté au tourisme et à la vente. « On tient à revaloriser ce bâtiment, non seulement parce que ça fait partie de notre patrimoine familial, mais aussi parce que sa structure est vraiment intéressante », précise-t-elle.

Des champs à perte de vue, quelques arbres et, au loin, le mont Saint-Grégoire, à quelques minutes du centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu : le cadre est idéal pour une visite à la ferme. On s’y donne rendez-vous ?

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