Bien qu’on y trouve la troisième plus grande ville du Québec, Laval, et que nous soyons des centaines de milliers à y circuler tous les jours, l’île voisine de la métropole garde bien ses secrets et offre des possibilités de balades étonnantes où on a parfois l’impression d’être bien loin de la grande ville.
De bon matin, on peut se faufiler à l’est de l’autoroute 25 pour aller emprunter le boulevard Lévesque Est. Ce sera notre point de départ. Déjà, à l’approche de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, on sent qu’on s’éloigne des tumultes de l’urbanité. Le quartier a conservé des allures de village, avec sa magnifique église, et c’est à partir de là qu’on prendra plaisir à faire des pauses dans les nombreux parcs qui jouxtent la rive de la rivière des Prairies. Tout au long de notre parcours, les endroits pour contempler les berges sont nombreux, souvent peuplés d’oiseaux qui viennent s’y reposer, et offrent des oasis de calme où il fait bon flâner.
D’ailleurs, avant de partir, prenez le temps de placer des repères sur votre itinéraire grâce à l’excellent travail déployé par l’équipe du Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU). Cet organisme à but non lucratif, qui se spécialise dans l’interprétation et la préservation des ressources hydriques, a réalisé un Rallye des rivières. Il s’agit d’un parcours jalonné par des bornes d’information situées sur les berges des rivières des Mille Îles et des Prairies, tout autour de l’île de Laval, qu’on peut facilement trouver grâce à une application mobile.
Il ne faut donc pas hésiter, aussi souvent que possible, à emprunter les rues qui font des détours pour nous mener à l’eau pour en apprendre plus sur ces milieux naturels. Dans la portion sud-est de l’île, la plupart des parcs donnent directement sur le boulevard Lévesque et plus on avance sur ce dernier vers l’est, plus il prend des allures de chemin de campagne, bordé de boisés et de terres agricoles. On se rendra ainsi, lentement, jusqu’au bout pour faire une halte au parc Olivier-Charbonneau. Ici, la rivière des Mille Îles rencontre celle des Prairies et on prend bien la mesure du territoire.
À partir d’ici, en continuant notre route sur la portion nord de l’île par le boulevard des Mille-Îles, la promenade prend carrément des allures champêtres. Le calme du paysage parsemé de jolies maisons ancestrales tranche radicalement avec l’idée qu’on se fait de la bouillonnante banlieue. On se trouve donc à faire ni plus ni moins qu’une promenade à la campagne à quelques minutes de la ville. À ce titre, il faut bien faire un arrêt à la Fromagerie du Vieux St-François où on peut contempler les animaux, casser la croûte sur les tables à pique-nique et bien évidemment acheter du fromage. On ne doit pas négliger non plus d’aller faire des détours par les champs, par la montée du Moulin, par exemple, ou encore par le boulevard Sainte-Marie et l’avenue des Perron, vers la Ferme d’Auteuil, où on trouve le kiosque Chez Vaillancourt, une institution ancestrale du coin.
À l’ouest de la route 335, on arrive à la fin du boulevard des Mille-Îles qui se transforme en boulevard des Laurentides, sur quelques centaines de mètres. Pour continuer votre escapade au calme, continuez sur l’avenue des Terrasses afin de gagner un peu plus loin tout naturellement le boulevard Sainte-Rose. En chemin, vous pouvez faire un arrêt à la Berge de la Plage-Jacques-Cartier et, juste à côté, la Berge de la Plage-Idéale.
Au terme de tous ces détours, on a un peu l’impression d’arriver au village en rejoignant le joli quartier du Vieux-Sainte-Rose. Ici, un arrêt s’impose, ne serait-ce que pour faire une promenade afin de contempler les beautés du patrimoine bâti qu’on a fort bien préservé. Sur certaines maisons ancestrales, vous trouverez des panneaux d’interprétation qui vous feront connaître l’histoire des anciennes maisons du village, fruits du travail de l’Association des citoyens et amis du Vieux-Sainte-Rose. En déambulant dans les rues du quartier, vous trouverez amplement de quoi vous mettre sous la dent, que vous optiez pour une pause dans un restaurant ou des emplettes afin d’aller casser la croûte dans un parc le long de la rive. Pensez à vous arrêter à la boutique gourmande Les Minettes, qui met le terroir québécois en vedette, ou encore à la très sympathique Brûlerie du Vieux Ste-Rose, pour un bon café ainsi que divers produits fins. Un peu plus à l’ouest, sur le boulevard Curé-Labelle, on trouve aussi le fameux restaurant Boating Club, vénérable institution lavalloise, bâtiment témoin du 19e siècle qui continue de résister au passage du temps. Ne manquez pas non plus d’aller faire un tour au Centre d’interprétation de l’eau dont nous parlions un peu plus tôt afin de visiter l’exposition permanente Le chemin de l’eau : de la rivière à la rivière et de parfaire vos connaissances sur la protection des cours d’eau.
C’est d’ailleurs en continuant de suivre le fil de l’eau que l’on continuera ce périple lavallois pour se rendre au parc de la Rivière-des-Mille-Îles, point d’orgue de notre parcours où on pourra réellement entrer en contact direct avec la rivière. On prend toujours plaisir à s’arrêter dans ce refuge faunique urbain où on peut louer des canots et des kayaks pour naviguer dans l’archipel. Ici, on ne fait pas que donner accès à la rivière, on travaille activement à la protection des milieux naturels. On trouvera là aussi, dans le centre d’interprétation, l’exposition permanente Incroyable mais vrai!, permettant de mieux comprendre ce joyau préservé qui abrite la plus grande biodiversité de toute la région métropolitaine et des Laurentides. C’est un arrêt obligatoire sur votre chemin, vous découvrirez une destination où il faut retourner souvent.
En quittant le parc, vous pouvez continuer de suivre le boulevard Sainte-Rose vers l’ouest, en direction de Laval-sur-le-Lac. Chemin faisant, de nombreux autres parcs donnent accès aux rives de la rivière des Mille Îles, notamment la Berge Camille-Barbe et le bois de l’Orée-des-Bois. Ce dernier est administré par CANOPÉE – Le réseau des bois de Laval, organisme citoyen qui met en valeur les boisés de Laval. Consultez leur site web pour les découvrir.
Une escapade au fil de l’eau ne saurait être complète sans un arrêt à la plage! Et c’est précisément ce que vous trouverez au parc de la Berge aux Quatre-Vents, à l’extrémité ouest de l’île. Voilà un lieu étonnant, secret bien gardé et surprenamment méconnu des Lavallois eux-mêmes. Eh oui, il y a une plage à Laval, une vraie de vraie, fort jolie, où on trouve même des chaises longues pour faire la sieste au soleil et se reposer. Si la baignade est interdite, on ne refusera pas cette occasion de se mettre les pieds dans le sable et, pourquoi pas, sortir les pelles et les seaux pour faire un château et s’amuser un peu.
Il reste bien des endroits à explorer sur cette île Jésus. On comprend, à en faire ainsi le tour, que cette immense banlieue, fruit de la fusion de plusieurs paroisses, forme une mosaïque bigarrée bourrée de coins cachés. Chose certaine, pour s’y rendre ou la quitter, si on veut vraiment se sentir en voyage, rien ne vaut une traversée à bord du Paule II, traversier qui fait le lien avec l’île Bizard. Rien de mieux qu’un petit tour de bateau, aussi court soit-il, pour se sentir loin de chez soi.